Causettes À Bicyclette Avec Paul - Épisode 4 - Velos en Ville

L’original est publiĂ© ici : https://www.velosenville.org/index.php/amenagement-cyclable/1695-interview-4-d-un-benevole-vigilo-et-communication?fbclid=IwAR1nWMAWoH_o3kOwQlE50BoMzKaa1Hp6MX2F-lbCwARtHyQmsMOjBqpwOXc

Salut Paul, tu es bénévole à l’association, et très engagé dans l’univers du vélo. Tu nous expliques un peu ton parcours et ta venue dans l’association ?

Ayant grandi en campagne, j’ai commencé à me balader à vélo ado, le sentiment de liberté était grisant, j’ai commencé à aller au lycée à vélo plutôt qu’à pied pour économiser une vingtaine de minutes par jour. Sans réaliser que c’était le début d’une histoire d’amour. Cependant, durant mes études supérieures à Marseille à Luminy de 2011 et 2014, j’ai oublié ce véhicule peu mis en avant, et j’utilisais ma voiture malgré d’énormes bouchons pour faire 5km entre la fac et mon domicile, ça prenait 1 heure parfois, c’était l’horreur, mais je voyais ça comme inévitable. Lorsque j’ai commencé à travailler sur Montpellier, j’utilisais 0 à 2 fois mon vélo par semaine, et les autres jours je souffrais dans les bouchons. Puis j’imagine qu’à force de voir d’autres collègues se déplacer à vélo, cette moyenne est vite passé à 5 jours sur 5, surtout pour économiser du temps devenu précieux dans le monde professionnel, plutôt que par un engagement écologique quelconque. Ma vie professionnelle m’a amené à New York et à Montréal, là aussi ça a été le vélo pour se déplacer, malgré la neige et le froid : il n’y pas de mauvais temps, seulement de mauvais équipements. Et on découvre tellement mieux une ville à vélo plutôt que coincé dans une voiture ou un métro : on ne subit plus le trajet, on le vit. De retour sur Marseille en 2018, ça a été un choc de voir le retard de la ville : des trottoirs où les piétons ne peuvent pas marcher, des infrastructures cyclables à base de peinture non sécurisantes… Bref, le simple fait de se déplacer à vélo ou à pied devient ici un geste militant. Si j’étais né à Marseille, j’aurais certainement fait très peu de vélo dans ma vie : la culture vélo ne vient que lorsque les infrastructures sont présentes. En cherchant un atelier pour réparer mon vélo, j’ai découvert Vélos en Ville, une très bonne expérience où on se fait vite des amis. Venez, on organise des apéros tous les mois, c’est toujours un bon moment.

Ça peut paraître un peu évident pour nos lecteurs, mais pourquoi la pratique du vélo en ville est si importante dans notre société selon toi ?

Le temps est devenu la chose la plus rare dans notre société, ce véhicule nous permet d’en économiser un max en étant le mode le plus efficace en ville pour aller faire ses courses, travailler, ou rejoindre des amis, du vélo pliant au vélo cargo, capable de transporter une armoire normande. Également, on ne peut plus ignorer la pollution de l’air avec les moteurs diesels, qui causerait au minimum 48 000 décès prématurés par an en France, un problème de santé publique énorme qui reste pourtant globalement ignoré comme à l’époque de l’essence au plomb et les années de luttes de Clair Patterson pour l’interdire. Il y aussi les problèmes de santé liés à la sédentarité, sans parler de la réduction du bruit en ville, qui joue sur notre santé mentale. Se déplacer à vélo c’est une solution gagnante pour l’individu comme la société.

À Marseille tu es très présent sur les réseaux sociaux (@vumars) et sur l’application Vigilo. Pourquoi, selon toi, c’est important de donner cette visibilité aux vélos en ville ? Est-ce que c’est d’autant plus le cas à Marseille ?

Les rares pistes cyclables à Marseille sont fluides, ce qui peut donner l’impression à certains qu’il n’y a que 2 cyclistes en ville, cependant nous étions déjà plus de 15 000 en 2016 à choisir le vélo tous les jours dans cette ville, et le chiffre est en train d’exploser depuis la fin du confinement. Les réparateurs ou les boutiques sont surchargées, le chiffre promet de monter en flèche dans les mois qui viennent. Je me suis mis au vélo en observant d’autres en faire, je considère que c’est à mon tour de donner en montrant les aspects positifs, je ne peux pas m’empêcher de prendre en photo une famille se déplaçant à vélo cargo, ou les négatifs, comme une énième piste sur trottoir alors que l’on sait depuis des années que c’est un enfer pour piétons et cyclistes.

Vigilo c’est une application libre de droit soutenue par la FUB, que tu développes/soutiens/gères sur Marseille. Tu peux nous expliquer ce que c’est et pourquoi c’est important de l’utiliser ?

Je suis ingĂ©nieur logiciel de mĂ©tier, je suis ravi de mettre mes compĂ©tences, avec d’autres contributeurs, sur une application nationale libre pour permettre aux dĂ©cideurs locaux d’avoir des retours de terrain venant des citoyens, d’analyser et de transformer la ville, de manière Ă  mieux gĂ©rer l’argent publique et donner le choix de se dĂ©placer autrement qu’en voiture. LancĂ© depuis un an, sur la mĂ©tropole, nous avons rĂ©coltĂ© plus de 1300 observations mettant en lumière les points noirs des axes empruntĂ©s par les mobilitĂ©s actives, pour utiliser la solution et voir les donnĂ©esc’est par ici.

Au sein du Collectif Vélos en Ville tu fais parti de la commission communication, est ce que tu aurais des conseils pour les personnes qui aimeraient participer à une plus grande visibilité du vélo à Marseille ?

Si vous vous sentez photographe ou vidéaste dans l’âme, on serait ravi de faire de belles choses avec vous. Et également, on vous attend de pieds fermes aux apéros mensuels, qui ont toujours une thématique pour briser la glace et pour que tout le monde se sente à l’aise.

À très bientôt, à vélo !